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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

posés à la fureur des armées étrangères et à la violence même des soldats de l’armée du Roi, qui ne pouvoient s’éloigner de la ville, tandis que les Lorrains et les Espagnols en étoient proches ; que les maisons étoient brûlées, pillées et abattues ; que le nom du Roi commençoit à devenir odieux, par l’aversion que ses ennemis avoient de la royauté aussi bien que de Sa Majesté sacrée ; que les prêtres n’osoient plus faire leurs fonctions dans la campagne, où les églises étoient profanées, le sang de Jésus-Christ foulé aux pieds, son corps mis à rançon par les Allemands, les religieuses violées, leurs monastères abattus, et les reliques des saints, qui reposoient sur les autels, jetées aux chiens et brûlées, par dérision et mépris.

On leur faisoit souvenir des cris infâmes contre l’autorité royale, dont les rues de Paris avoient retenti ; des placards, qui ne parloient pas moins que de se défaire du Roi et du parlement, d’établir une république comme celle d’Angleterre ; qu’ils ne considéroient pas que Paris étoit dépeuplé d’un tiers ; qu’une infinité de familles en étoient sorties de peur d’y périr, parce qu’elles étoient dans l’obéissance et dans le service du Roi ; que la misère et la pauvreté avoient fait mourir depuis six mois un nombre incompréhensible de personnes de tout âge, de tout sexe et de toutes conditions ; que les rentes de la ville ne se payoient plus ; que la moitié des maisons étoient vides ; que la plus grande partie des autres étoient inutiles à ceux qui en

    servir de son esprit pour ôter la couronne de dessus la tête du Roi ; je sais ce qu’il m’en a dit plusieurs fois, et sur quoi il fondoit ses pernicieux desseins. Mais ce sont des choses que je voudrois oublier, bien loin de les écrire. » (Mémoires manuscrits de Coligny-Saligny.)