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si généreux, que tous leurs amis approuvoient, et dont ils n’osoient encore parler qu’entre eux, de peur d’être découverts, et que leur intrigue n’allât jusqu’aux oreilles des princes.

Néanmoins, comme l’intention de M. Le Prévôt alloit à gagner les bourgeois, il falloit de nécessité se découvrir à quelques-uns, afin que ceux-là en attirassent d’autres. Cette négociation fut sue de M. Du Fay[1], commissaire général de l’artillerie, et fort bon serviteur du Roi, qui travailloit merveilleusement pour le même dessein de M. Le Prévôt, sans pourtant se connoître ni s’être communiqués l’un l’autre. D’autre côté, le père Berthod voyoit ses amis, consultoit souvent M. Rossignol[2], qui lui donnoit la connoissance de ceux qu’il savoit être bien intentionnés ; et tous, chacun en particulier, représentoient au peuple son aveuglement à soutenir le parti des princes, l’intérêt qu’il avoit de secouer le joug de leur tyrannie ; qu’insensiblement on engageoit les Parisiens dans le parti de l’Espagnol, avec lequel M. le prince avoit traité ; que son intention butoit à la souveraineté sans se soucier que son ambition ruinoit toute la France, et rendoit les Parisiens criminels de lèse-majesté[3].

On leur représentoit encore leur aveuglement à ne pas connoître les villages circonvoisins de Paris, ex-

  1. Du fay : Le cardinal de Retz s’en moque dans ses Mémoires, tome 46, page 222, de cette série.
  2. M. Rossignol : Antoine Rossignol, maître des comptes. C’étoit un homme très-savant, qui avoit la plus étonnante facilité pour lire toutes sortes de chiffres. Perrault l’a mis au nombre de ses hommes illustres.
  3. Criminels de lèse-majesté : Ceci paroît n’avoir été que trop-vrai. Jean de Coligny-Saligny, qui avoit eu la confiance de M. le prince, le dit positivement dans ses Mémoires, écrits sur les marges du missel de sa chapelle. « Il s’est, dit-il, voulu