Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/290

Cette page a été validée par deux contributeurs.
288
NOTICE

positions de la capitale, et déposoit aux pieds du trône les vœux ardens des Parisiens, courbés sous le joug d’une faction qui sembloit dès-lors préluder aux plus grands attentats. Le prélat transmettoit les ordres de la cour au père Berthod, qui soutenoit les royalistes, échauffoit ou modéroit leur zèle, et dirigeoit toute l’entreprise.

Quelques hommes particulièrement dévoués au Roi avoient pratiqué des intelligences dans la bourgeoisie de Paris, et même parmi les gens du peuple. C’étoient Le Prévôt de Saint-Germain, conseiller clerc au parlement ; de Bourgon, conseiller d’État ; Du Fay, commissaire général de la marine ; et Rossignol, maître des comptes. Le père Berthod, l’âme de leur conseil, mandoit leurs résolutions à la cour, et leur faisoit connoître la volonté royale.

Le Prévôt, chef apparent des royalistes, semble avoir eu plus de zèle que de véritable habileté. On seroit porté à le penser d’après un passage d’Omer Talon, dans lequel cet impartial magistrat taxe d’imprudence et de témérité le projet de Le Prévôt[1]. Montglat, qui demeura fidèle au Roi, présente cependant le même fait sous un aspect différent ; il montre dans Le Prévôt un homme courageux, qui n’a pas craint de s’exposer aux plus grands dangers pour contribuer au rétablissement de l’autorité légitime[2]. Il ne faut donc pas s’en rapporter au cardinal de Retz, qui dans ses Mémoires immole Le Prévôt au ridicule. « Prévôt, dit-il, autant fou qu’un homme le peut être, au moins de ceux à

  1. Mémoires d’Omer Talon, tome 8, 2e partie, page 100, ancienne édition.
  2. Mémoires de Montglat, tome 50, page 366, de cette série.