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DE CONRART. [1652]

chever de s’expliquer. Alors il dit, d’un ton à demi-bas et tremblant, que la pensée qui lui étoit venue étoit que Dieu n’étoit peut-être pas content de ce qui se passoit entre Sa Majesté et mademoiselle de La Vallière, et qu’il avoit cru être obligé en conscience de l’en avertir. Le Roi ayant entendu cela, s’approcha de son oreille, et lui dit d’une manière douce et favorable : « M. Mazarin, je vous conseille de ne parler jamais de cela à personne, car vous feriez faire un fort mauvais jugement de vous : pour moi, je vous promets de n’en rien dire, et qu’il ne tiendra pas à moi que la chose demeure secrète. » Néanmoins dès le lendemain tout le monde le sut, et le Roi dit qu’il falloit bien que le grand-maître en eût fait confidence à quelque dévot comme lui, qui ne lui eût pas été fidèle. Mais la vérité est que le Roi l’ayant conté à la Reine sa mère, elle le dit à la comtesse de Flex sa dame d’honneur ; elle au maréchal de Villeroy : et ainsi de main en main la chose devint toute publique, et ne servit de rien qu’à tourner le pauvre duc Mazarin en ridicule.

On contoit diverses choses que le Roi avoit dites au duc Mazarin ; mais il n’y a rien de vrai que ce qui est écrit ci-dessus.


SUR LE MARQUIS DE VARDES.

Environ le même temps, le marquis de Vardes s’entretenoit un soir avec le chevalier de Lorraine dans un coin de la chambre du Roi ; et comme ils parloient