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DE CONRART.

pour le discours qu’il avoit tenu, et le président répondit que c’étoit un bruit répandu dans toute la ville, et qu’il n’avoit rien dit qu’il n’eût ouï dire à cent autres ; mais que puisque le Roi le trouvoit mauvais, il n’en parleroit plus ; et la chose en demeura là[1].

SUR LE DUC MAZARIN[2].

Le 8 décembre 1664, jour de la Notre-Dame, le duc Mazarin[3], grand-maître de l’artillerie, étant dans la chambre du Roi, suivoit Sa Majesté pas à pas, et tournoyoit comme ayant envie de lui parler. Le Roi s’en étant aperçu, lui demanda s’il avoit quelque chose à lui dire : il répondit, en tâtonnant et en hésitant, que oui ; mais qu’il n’en osoit prendre la liberté. Le Roi repartit qu’il le pouvoit, et qu’il n’y falloit point faire davantage de façon ; et l’autre marchandant encore, Sa Majesté lui demanda s’il s’agissoit de quelque mauvais dessein qu’il eût découvert que quelqu’un eût eu contre sa personne ou contre l’État ; mais que quoi que ce fût, il lui ordonnoit de le dire franchement. Sur cela le duc lui dit qu’ayant fait ses dévotions le matin, et étant en la présence de Dieu, il lui étoit venu une pensée ; puis il s’arrêta, et le Roi le pressa encore d’a-

  1. Voyez la lettre de madame de Sévigné à M. de Pomponne, du 2 décembre 1664, tome i, page 84 de l’édition de Blaise, 1818.
  2. Manuscrits de Conrart, tome 13.
  3. Le duc Mazarin : Le mari d’Hortense Mancini, dont les pieuses extravagances divertissoient la cour de Louis XIV.