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MÉMOIRES

le fait : et comme il est fort violent, se saisissant de Bartet, qui n’étoit pas en état de se défendre, il protesta qu’il ne le quitteroit point qu’il n’eût épousé cette fille, puisqu’il l’avoit débauchée ; et sur-le-champ envoya quérir le curé du village, qui les maria.

Bartet étant sorti des mains du conseiller, fit si bien par la faveur de l’évêque, qui s’en mêla, et par de l’argent que son père donna sous main, que le mariage fut déclaré nul, à condition qu’il donneroit quelque chose à la fille. Après cette aventure, il crut qu’il devoit quitter le pays, au moins pour quelque temps ; et ayant eu des lettres de recommandation du père Audebert, jésuite célèbre qui étoit alors supérieur à Pau, il s’en alla à Rome, où d’abord il trouva moyen d’entrer chez le duc de Bouillon, qui y étoit réfugié. Ensuite il y fit diverses connoissances ; et comme il s’introduit facilement, il entra au service du prince Casimir, frère du roi de Pologne, qui lui a succédé au royaume, lequel le reçut volontiers, parce qu’il lui étoit donné de la main des jésuites, dans l’ordre desquels il avoit été quelque temps ; et c’étoit pour en être dispensé qu’il avoit fait le voyage de Rome. Étant au service de ce prince lorsqu’il vint à la couronne, il fut employé par lui en diverses affaires, et fit beaucoup de voyages, particulièrement en France : ce qui le fit connoître des ministres, et entre autres du cardinal Mazarin, lequel le trouvant homme d’esprit et capable d’emplois, il lui proposa de s’arrêter à la cour : ce qu’il fit, ayant obtenu du roi de Pologne qu’il y seroit son résident.

Bientôt après il se maria à la fille d’un chirurgien qui avoit quelque bien, mais médiocre ; et il s’y