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MÉMOIRES

prit en telle haine ce lieutenant après l’avoir trop aimé, qu’elle ruina toutes ses affaires, lesquelles il ne laissa pas en bon état en mourant. Sa veuve demeura chargée d’un fils et d’une fille ; le fils est Georges de Scuderi, gouverneur de Notre-Dame-de-la-Garde, et capitaine d’un vaisseau français entretenu, lequel ayant long-temps servi le Roi dans ses armées de terre et de mer, s’est rendu célèbre dans toute la France par un grand nombre d’écrits de prose et de vers dont il a enrichi le public, et s’est retiré au pays de sa naissance, où il s’est honorablement marié[1]. Sa fille, nommée Madelaine, fut élevée très-soigneusement par sa mère, qui étoit habile femme. Mais comme elle ne vécut pas long-temps après son mari, cette fille étant encore fort jeune fut recueillie par un de ses oncles qui demeuroit à la campagne, et qui, étant un des plus honnêtes hommes du monde, avoit l’esprit excellent, et étoit consommé dans la science du monde. Trouvant en elle une naissance tout-à-fait heureuse, et des inclinations également portées à la vertu et à la connoissance des belles choses, il fit éclore ces semences naturelles, que les soins de la mère avoient si bien cultivées qu’elles étoient par manière de dire toutes prêtes à fleurir. Il lui fit apprendre les exercices convenables à une fille de son âge et de sa condition, l’écriture, l’orthographe, la danse, à dessiner, à peindre, à travailler en toutes sortes d’ouvrages. Mais outre les choses qu’on

  1. Il s’est honorablement marié : Il épousa Marie-Françoise de Martin Vast, femme qui reunissoit à beaucoup d’esprit et de jugement un naturel qui n’étoit pas ordinaire dans la famille de son mari. On a conservé une partie de sa correspondance avec le comte de Bussy-Rabutin.