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DE CONRART.

mêloit de toutes sortes d’affaires, et qui n’étoit pas en estime dans sa compagnie ; mais ces raisons étoient fort foibles, s’il n’y eût point eu d’obstacles d’ailleurs, et particulièrement la dernière, vu que d’Emery, en faveur duquel on donnoit l’exclusion au président de Maisons, étoit mille fois plus odieux que lui au parlement et au peuple : aussi étoit-ce ce qui fit tenir son retour si long-temps en balance ; joint que, selon la manière d’agir du cardinal, il étoit bien aise qu’on en parlât pour ressentir en quelle disposition seroient les esprits, et pour les y accoutumer petit à petit.

Comme on vit donc que les murmures n’étoient pas grands, parce que du côté du parlement j’ai déjà dit que la plupart des frondeurs ne lui étoient pas contraires (et à l’égard du peuple, on faisoit courre le bruit que ce qu’il reviendroit seroit pour rétablir ses affaires, pour faire payer les rentes, pour faire venir du blé et pour le faire donner à bon marché, parce qu’alors il étoit presque aussi cher que pendant que Paris étoit bloqué), ainsi il revint en son logis ; il y fut visité par toutes les personnes de la cour et de la ville, à qui il parut aussi doux et aussi civil qu’il étoit autrefois rude et orgueilleux. Force gens contribuèrent à son retour ; mais le vieux Senneterre[1] est sans doute celui à qui il en a la principale obligation. Il leva tous les doutes et tous les obstacles que faisoit principalement M. le duc d’Orléans, et

  1. Le vieux Senneterre : Henri, seigneur de Saint-Nectaire, que par corruption l’on écrivoit Senneterre, marquis de La Ferté-Habert, ambassadeur en Angleterre, ministre d’État, mort en 1662, à l’âge de quatre vingt-neuf ans. C’est le père du maréchal de La Ferté-Senneterre.