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MÉMOIRES

archevêque de Bordeaux, étant présent, dit à la Reine qu’il l’assuroit que M. de Thémines (qui fut depuis maréchal de France) ne refuseroit pas ce commandement, si Sa Majesté jetoit les yeux sur lui pour le lui donner. La Reine le fit appeler (car il étoit aussi dans la chambre), et lui dit la parole que M. de Sourdis venoit de donner pour lui. À quoi il répondit qu’il ne le dédiroit jamais de rien, et qu’il obéiroit toujours aux commandemens dont il plairoit à Sa Majesté de l’honorer : mais qu’il la supplioit seulement de lui faire une grâce, qui étoit de faire surseoir au parlement le jugement du procès criminel d’un gentilhomme de ses parens qui étoit prisonnier dans Bordeaux, et qui avoit beaucoup d’ennemis, lesquels ne manqueroient pas de tâcher à le perdre pendant son absence, si l’on ne suspendoit les poursuites. Cela lui fut promis solennellement ; et il partit pour aller attaquer La Réole.

Pendant son voyage ceux du parlement firent si bien qu’ils rendirent arrêt sourdement, par lequel le gentilhomme étoit condamné à avoir la tête tranchée. Le matin, on vint dire au cardinal de Sourdis qu’il y avoit un échafaud dressé devant la prison pour exécuter ce gentilhomme : ce qui étonna le cardinal au dernier point. Il va à l’instant même chez la Reine ; mais l’huissier lui refuse la porte. Il presse, il fait instance, il parle haut, il se plaint de ce qu’on lui manque de parole : il voit par le trou de la serrure que chacun faisoit des actions qui marquoient qu’on ne le vouloit point voir que le gentilhomme ne fût exécuté. Cela lui fit prendre une résolution extrême, mais pourtant avec adresse. Il approche son oreille du