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DE CONRART.

avec le duc d’Epernon sans abandonner ceux de Bordeaux, lesquels ayant tout sacrifié pour le parti des princes, ce seroit une lâcheté et une ingratitude horrible que de les abandonner ; et que pour elle, elle n’y consentiroit jamais[1].


Lorsque le duc de Longueville étoit à Munster[2] pour le traité de la paix générale, un peu devant que la duchesse sa femme l’y allât trouver, le cardinal Mazarin dit au prince de Condé qu’il lui vouloit témoigner le respect qu’il avoit pour lui et la parfaite confiance qu’il prenoit en sa générosité, en lui découvrant que la paix ne se feroit point, quoique l’on y vît de si grandes apparences que la plupart croyoient que toutes choses fussent d’accord. Il lui représenta sur cela l’intérêt qu’il avoit à ne la point faire ; et après lui en avoir déduit toutes les raisons, il lui dit que les fortifications des places de la Lorraine, auxquelles il savoit bien que les Espagnols s’arrêteroient, seroient le point sur lequel il donneroit ordre de rompre (et en effet ce fut sur cela que l’on rompit). Il ajouta : « Vous voyez, monsieur, qu’en vous confiant ce secret je vous donne moyen de me perdre un jour, si j’étois si malheureux que de perdre vos bonnes grâces ; mais j’ai été bien aise de vous faire connoître, par une chose qui m’est aussi importante que celle-là, que je n’ai aucune réserve pour vous, et que je veux bien que mon salut ou ma ruine dépende de Votre Altesse[3]. »

  1. Manuscrits de Conrart, tome 10, page 208.
  2. À Munster : En 1644.
  3. Manuscrits de Conrart, tome 10, page 208.