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DE CONRART.

SUR MADEMOISELLE DE LONGUEVILLE[1]

Mademoiselle de Longueville[2] ayant eu dès le commencement divers ordres de se retirer, après avoir été à Bagnolet, à Coulommiers et à Trie, obtint enfin la permission de demeurer aux Filles de Sainte-Marie, au faubourg Saint-Jacques, à condition de n’en point sortir, et de ne recevoir de visites que des domestiques de monsieur son père et des siens. Pendant qu’elle étoit en ce lieu-là, Mont.[3] trouva moyen de lui faire tenir des lettres de M. de Longueville, dont le caractère étoit un peu déguisé, de peur qu’il ne fût reconnu si les lettres eussent été prises. Elle s’imagina que c’étoit des lettres supposées, qu’on lui avoit fait rendre par artifice, afin de donner occasion à la cour de la faire chasser de Paris quand on sauroit qu’elle auroit reçu des lettres ; et elle en fit des plaintes à tous ceux qu’elle voyoit, disant hautement qu’elle vouloit en avertir la cour, et y faire voir ces lettres, qui n’étoient point de monsieur son père (quoiqu’elles en fussent très-certainement). Ses femmes la confirmoient aussi dans cette humeur, et lui disoient qu’il falloit faire confronter l’écriture de ces lettres

  1. Manuscrits de Conrart, tome 10, page 207.
  2. Marie d’Orléans, demoiselle de Longueville, fille du premier lit du duc de Longueville. Elle épousa le duc de Nemours, qu’elle perdit au bout de deux ans, le 14 janvier 1659. On a d’elle des Mémoires sur la Fronde, qui font partie de cette série, tome 34.
  3. Mont. : Ce nom n’est indique au manuscrit que par ces lettres initiales.