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MÉMOIRES

mitié particulière avec lui, il lui confia la conduite de l’affaire, lui permettant d’en prendre portion, et d’en donner à Senneterre telle part qu’il voudroit. L’affaire fut proposée au cardinal, qui jeta feu et flamme contre Bullion de ce qu’il n’avoit pas acquitté cette partie comme il le lui avoit ordonné il y avoit long-temps, et dit qu’il vouloit absolument qu’elle fût entièrement payée. Sur cela Estrades s’en retourna en Hollande, croyant avoir au moins une bonne partie des cinquante mille écus de la remise qu’il avoit obtenue. Chavigny acheva seul l’affaire en son absence, et en bailla sept mille livres à Senneterre, et quatre mille livres à l’homme d’affaires d’Estrades, et prit le reste des cinquante mille écus pour lui, n’ayant fait tenir que cent mille écus pour retirer la promesse du cardinal. Senneterre ayant su cela, ne le put souffrir, parce que Chavigny faisoit profession d’être le meilleur de ses amis ; mais plus encore parce qu’une si belle proie lui étoit échappée, mettant l’intérêt au-dessus de l’amitié ; et ce fut la véritable cause, mais cachée, de la rupture, ce qui en parut n’en ayant été que le prétexte. Chavigny employa ce qu’il gagna en cette affaire au bâtiment de l’hôtel de Saint-Paul, qu’il avoit acheté environ deux cent mille livres, et qui lui revenoit à plus de huit cent mille livres, par l’aveu même de Saint-Sauveur son surintendant, quoique tout ne fût pas encore achevé.