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MÉMOIRES

auparavant, au moins quand elle se portoit assez bien pour ne garder pas la chambre ; et même quand elle étoit tard à quelque dévotion, et qu’il ne la pouvoit attendre à dîner, parce qu’il étoit obligé de retourner de bonne heure au Palais pour juger des procès de commissaires à la chambre de l’édit où il présidoit, il avoit soin de lui faire garder de ce qu’il y avoit de meilleur sur la table. Enfin ces deux personnes ont toutes deux de la vertu et de bonnes qualités, de l’amitié l’un pour l’autre, et beaucoup de sujets d’être contens, et de vivre bien ensemble. Cependant ils ne le peuvent, parce qu’il y a de la bizarrerie dans l’esprit de tous les deux ; qu’ils sont tous deux fiers et orgueilleux, la femme de son bien et le mari de sa dignité, chacun croyant avoir beaucoup fait pour son compagnon de l’épouser : outre que le mari est enclin aux amourettes et la femme à la jalousie, laquelle est d’autant plus fâcheuse en elle qu’elle a de l’affection pour son mari, et que sa plus grande passion est qu’il n’aimât qu’elle. Et ce qui rend tout cela encore plus rude et plus incommode, elle prête l’oreille aux mauvais conseils que des personnes qui la flattent lui donnent continuellement, de gourmander son mari et de vivre mal avec lui.


SUR D’ESTRADES et SUR CHAVIGNY le père[1].


Le cardinal de Richelieu ayant fait faire quelques vaisseaux en Hollande, y avoit envoyé une promesse

  1. Manuscrit de Conrart, tome 10 page 221