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DE CONRART.

tout cela étoit porté par l’inventaire qu’elle avoit fait faire en l’épousant, et qui étoit mentionné dans son contrat de mariage (ce qui l’en rendoit responsable), il pria Garnier de voir cet inventaire avec la présidente, et de lui faire marquer les choses qui avoient été vendues, afin de l’en décharger ; et celles qui étoient hors du logis pour les y rapporter. Garnier crut que c’étoit une occasion assez favorable pour les faire parler ensemble, et peut-être pour les raccommoder. Il dit donc au président qu’à son avis cela se feroit mieux entre lui et madame sa femme, qui avoient connoissance de ces choses dont il s’agissoit, que par lui, qui n’en savoit que ce qu’il lui en pourroit dire. Le président répondit qu’il craignoit que sa femme ne lui dit des choses fâcheuses, et qu’il ne fût obligé de se mettre en colère contre elle : ce qu’il eût été bien aise d’éviter. Garnier l’assura qu’elle ne le feroit point ; et pour en être encore plus certain, il l’alla trouver à sa chambre, et lui dit que si elle l’avoit agréable, monsieur son mari la viendroit trouver pour lui parler de quelque chose qui regardoit leurs affaires ; mais qu’il la prioit de ne lui rien dire qui le pût fâcher, comme de son côté il étoit très-disposé à ne lui parler qu’avec toutes sortes de civilités. Elle consentit à cela : et le président étant monté avec l’inventaire à la main, s’enquit de sa santé, parce qu’elle étoit au lit. Elle lui répondit, sans le regarder, qu’elle se portoit mal, et qu’elle étoit enrhumée. Un peu après, il la pria de lui dire quels meubles avoient été transportés pendant son absence, et ce que l’on avoit vendu de vaisselle d’argent, afin qu’il le marquât sur l’inventaire ; et à mesure qu’il lui lisoit un article, elle lui disoit