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MÉMOIRES

douce que celle dont il se servoit, parce qu’il n’y avoit point de maison religieuse où l’on pût retenir une femme sans le consentement de son mari, et sans la permission du magistrat ; qu’il feroit enfoncer les portes et rompre les grilles pour la tirer de là, s’il vouloit (en effet, Daubray, lieutenant civil, ayant su qu’elle s’en étoit allée de la sorte, avoit été trouver le président Le Coigneux, et lui avoit offert d’y aller avec des archers, pour la lui ramener de gré ou de force ; mais il l’en avoit remercié) : mais qu’il avoit mieux aimé venir lui-même lui représenter le tort qu’elle se faisoit de croire de mauvais conseils, et de s’exposer aux railleries et aux entretiens des compagnies ; qu’il la prioit de s’en revenir avec lui sans passer plus outre ; et que si elle lui vouloit dire quel sujet elle avoit de se plaindre, il lui donneroit toute sorte de satisfaction. Elle ne se laissa point fléchir à toutes ces bonnes paroles, et se retrancha toujours dans la proposition qu’elle avoit faite à Garnier d’en passer par ce qu’en diroient le président de Novion et le procureur général : de sorte que n’en pouvant tirer autre chose, quelque remontrance et quelque promesse qu’il lui pût faire, il fut contraint de s’en revenir. Garnier y retourna encore l’après-dînée, et en arrivant chez ces religieuses trouva en bas Daurat, conseiller de la troisième chambre des enquêtes, qui lui dit que madame Le Coigneux lui avoit écrit pour le prier de la venir trouver en ce lieu-là : ce qui surprit assez Garnier, vu que Daurat est ennemi déclaré du président Le Coigneux, avec lequel il a eu de grandes prises dans toutes les assemblées du parlement pendant les mouvemens contre le car-