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DE CONRART.

vouloit dire, il monte en haut lui-même ; et trouvant toutes les portes ouvertes, dit, d’un ton moitié raillerie et moitié de colère : « Oh ! oh ! on a décampé d’ici ! » Il fait venir le suisse, à qui il demande si madame est sortie. Le suisse répond en son baragouin qu’il a vu sortir en carrosse trois femmes et un homme, mais qu’il ne la connoissoit pas : car, comme j’ai déjà dit, il n’avoit point vu sa maîtresse, ou il ne l’avoit vue que masquée ; et ainsi, étant aussi grossier et aussi neuf qu’il étoit, il ne l’eût pu discerner d’avec une autre. Il apprit bientôt par quelqu’un du voisinage et qu’elle s’étoit retirée de chez lui, et où elle s’en étoit allée. Il prie Garnier de l’aller trouver pour la disposer à revenir. Il s’acquitte de cette commission, et fait voir à la présidente tous les inconvéniens qui se peuvent rencontrer dans cette affaire, et qu’elle ne lui peut être que désavantageuse, puisqu’elle ne pouvoit produire aucune plainte contre son mari capable d’obtenir une séparation. Elle combattit tout ce qu’il lui allégua plutôt par son opiniâtreté que par de bonnes raisons ; et enfin il ne la put réduire à autre chose qu’à offrir de remettre ses intérêts entre les mains du président de Novion et du procureur général Fouquet. Garnier rapporta cela au président Le Coigneux, et lui conseilla d’aller lui-même la trouver, et de faire en sorte qu’elle revînt avec lui, pour empêcher le bruit et les discours que cette affaire causeroit dans Paris. Il le crut, et y alla le lundi, jour de saint Martin. Il lui parla à la grille ; et lui ayant demandé pour quel sujet elle avoit quitté son logis, lui remontra que s’il eût voulu il l’eût obligée d’y revenir par une voie moins civile et moins