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DE CONRART. [1652]

sans cesse qu’après ce qu’elle avoit fait pour son mari il n’y avoit point de déférence ni de respect qu’elle n’en dût attendre ; et qu’au lieu de cela il la payoit d’une lâche ingratitude, et Ja traitoit comme une petite soubrette ; qu’il falloit qu’elle le mît à la raison en se faisant séparer. Et si quelqu’un lui répondoit que cette séparation ne se pouvoit faire sans l’autorité du magistrat ; que pour la faire faire il falloit avoir des preuves de mauvais traitemens, et qu’elle n’en pouvoit donner parce qu’il n’y en avoit point : mais que quand il y en auroit, il ne se trouveroit personne qui voulût déposer, à cause de la qualité et de l’autorité de son mari ; elles répondoient que cela étoit bon pour des femmes de basse condition ; mais que pour des personnes comme elle, les mauvais traitemens dont elle se plaignoit, qu’il ne l’honoroit pas assez, qu’il ne lui donnoit point d’argent, qu’il éloignoit d’elle les personnes qui lui étoient les plus chères, suffisoient pour lui faire rendre son bien ; et que quand elle l’auroit, il falloit qu’elle le quittât là. Le mari voyant que le frère et la sœur étoient les principales causes de ce mauvais ménage, crut qu’il leur falloit empêcher de la voir ; que par ce moyen elle changeroit d’humeur, et que les autres femmes feroient moins d’impression sur son esprit ; ou qu’en tout cas si elles continuoient à lui donner de mauvais conseils, il ne lui seroit pas malaisé d’en prévenir les effets, défendit à son beau-frère d’y venir ; et ayant témoigné qu’il ne vouloit plus que la sœur y vînt non plus, celle-ci au contraire y fit porter son lit, comme en dépit de lui ; et la haine devint plus âpre que jamais. Cela se rencontra justement au temps qu’une partie du parle-