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MÉMOIRES

du président Le Coigneux, reçu en survivance de l’office de président à mortier de son père, et pourvu de celui de président en la deuxième chambre des requêtes du Palais. Car, outre cette dignité et l’éclat de la famille, il étoit à peu près de même âge qu’elle, seulement de quelques années plus jeune, et avoit la réputation d’homme d’esprit et de vigueur, comme il le fit paroître dans les assemblées du parlement, pendant tous les mouvemens excités à cause du cardinal Mazarin. Mais il étoit aussi un peu capricieux, aussi bien que son père, et avoit l’humeur fière et impérieuse. Ce mariage ayant été proposé, fut conclu par l’entremise de la femme de Garnier, conseiller au grand conseil, laquelle étoit fille d’un apothicaire nommé de Vouges, célèbre à Paris pour la gelée excellente qui se faisoit chez lui pour les malades, et intime amie de cette riche veuve.

Elle fit à son mari des avantages considérables par son contrat de mariage, et qui montoient à plus de cent mille écus[1]. Quand le mariage fut consommé, il trouva moyen de se mettre en possession de tout le bien de sa femme ; et pour l’y faire consentir plus facilement, il lui témoignoit beaucoup d’affection, et avoit grande complaisance pour elle : mais lorsqu’il eut tout en sa disposition, il commença à ne se plus contraindre ; et

  1. Dangeau confirme le récit de Conrart. Voici ce qu’on lit dans son journal manuscrit, à la date du 24 avril 1686 : « Le président Le Coigneux mourut à Paris. Il étoit second président du parlement ; il avoit été marié trois fois. Sa première femme étoit veuve de M. Galland, et par sa mort les créanciers de M. Galland profiteront beaucoup. Il épousa en secondes noces une sœur du feu maréchal de Rochefort ; sa troisième femme, qui vit encore, étoit nièce du feu duc de Navailles, et fille de l’aîné de la maison. »