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DE CONRART. [1652]

Les jours suivans, M. le prince donna ordre que l’on pourvût à la sûreté de la sépulture du duc de Nemours, et il en fit faire grande instance à l’archevêque de Paris, qui fit faire information de ce qui s’étoit passé à sa mort. L’abbé de Saint-Spire déposa qu’étant survenu à l’instant qu’il venoit de recevoir le coup, il l’avoit exhorté de demander pardon à Dieu ; et que lui ayant vu faire quelque action qui marquoit qu’il l’avoit entendu et qu’il se repentoit, il lui avoit donné l’absolution. Sur quoi, et sur le témoignage du curé de Saint-Leu et de quelques autres personnes encore, l’archevêque permit de l’enterrer en terre sainte. Ce jugement étonna et scandalisa néanmoins tout le monde, parce que personne ne doutoit qu’il ne fût mort impénitent, n’ayant eu nulle connoissance depuis qu’il eut reçu le coup ; et l’on jugeoit qu’il eût été mieux de le porter sans bruit à la sépulture de ses ancêtres, que de lui vouloir faire des obsèques magnifiques, comme M. le prince et l’archevêque de Reims, frère du défunt, le désiroient : car ensuite de la sentence de l’official[1], grand vicaire de l’archevêque, on déposa le corps en l’église de Saint-André sa paroisse. On résolut de lui faire un service avec toute la pompe due à sa naissance ; et l’évêque de Grasse fut extraordinairement pressé de faire l’oraison funèbre. Mais l’archevêque ayant su qu’on se plaignoit partout de la sentence de son grand vicaire, en prit connoissance ; et, sur la remontrance de son promoteur, en expliquant cette sentence, en fit

    deux filles : L’aînée a été duchesse de Savoie et mère de Victor-Amédée duc de Savoie ; l’autre a été reine de Portugal.

  1. La sentence de l’official : Du 3 août 1652.