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let ; et ayant fait retirer tout le monde, demeurèrent seuls avec lui, et lui dirent qu’ils venoient là pour savoir sa dernière résolution, et qu’il ne falloit plus qu’il différât à la prendre. Et sur ce qu’il vouloit encore gagner du temps, M. le prince lui dit avec son emportement ordinaire que c’étoit trop délibérer ; qu’il leur dît franchement son intention, parce que s’il ne vouloit pas leur aider à faire les choses nécessaires, ils ne lui répondoient pas, M. d’Orléans et lui, des insultes de la populace, qui témoignoit de l’impatience de tant de remises et de longueurs dont on usoit pour travailler au rétablissement des affaires ; qu’il savoit ce qui étoit arrivé à l’hôtel-de-ville, et que peut-être ne pourroient-ils pas être maîtres d’une émotion populaire quand on sauroit qu’il les auroit refusés : ce que M. le prince dit d’un ton qui marquoit bien qu’il falloit faire ce qu’il désiroit. Le chancelier intimidé demanda seulement deux heures pour répondre ; ce qui lui fut accordé. Et voyant qu’il n’avoit rien à attendre du côté de la cour, que ses engagemens avec les princes étoient déjà fort grands, par le passage à Mantes de leurs troupes venues de Flandre sous la conduite du duc de Nemours, que le duc de Sully, gendre du chancelier et gouverneur de cette place, avoit favorisé du consentement et par l’avis de son beau-père, à ce qu’on disoit[1], et par ses fréquentes visites au palais d’Orléans et à l’hôtel de Condé, aussi bien que par plusieurs discours qu’il avoit tenus, par lesquels il s’étoit laissé entendre qu’il favorisoit ce parti-là : il alla incontinent après dîner assurer M. d’Or-

  1. Voyez les Mémoires de Montglat, tome 50, p. 324, de cette série ; et ceux de la duchesse de Nemours, tome 34, page 531, même série.