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DE CONRART. [1652]

pendant M. le duc d’Orléans seroit prié de vouloir prendre la régence du royaume, et M. le prince le commandement des armées sous lui, et de pourvoir aux choses nécessaires pour la guerre et pour les finances pendant que le cardinal seroit en France, et que la personne du Roi seroit détenue entre ses mains. Il y eut soixante-six voix de l’avis à Doujat, et soixante-quatorze à celui de Broussel, auquel il passa ; et si tous les conseillers bien intentionnés, mais timides, et qui n’avoient pas osé aller au parlement quoiqu’ils fussent à Paris, se fussent trouvés au Palais, ou que huit de ceux qui le vendredi avoient été de l’avis de Le Musnier ne fussent pas revenus le samedi à celui de Broussel, il n’y a point de doute que l’avis de Doujat eût prévalu. Néanmoins il n’eût servi qu’à gagner quelques jours ; car le cardinal étant obstiné à ne s’en point aller, et les princes encore plus opiniâtres à se servir toujours de ce prétexte pour demeurer maîtres de Paris, eussent, par cabales ou par menaces, obligé toujours le parlement à faire enfin cette déclaration, et à donner la lieutenance à M. d’Orléans : ce que M. le prince, au jugement de quelques uns, vouloit surtout, afin qu’il fût aussi odieux à la cour que lui, et que l’on le poussât comme il avoit été poussé, et que par ce moyen il ne se pût raccommoder que conjointement avec lui. Mais d’autres crurent qu’il ne désiroit nullement que M. d’Orléans eût ce titre, de peur qu’ayant toute l’autorité, il ne lui échappât par les suggestions de ses ennemis, qui ne manquoient pas de faire des cabales contre lui auprès de Son Altesse, en abusant de sa facilité. Et ceux qui étoient de ce sentiment alléguoient que les conseillers les