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[1652] MÉMOIRES

et le cardinal en reçut une douleur extrême. Aussi jugea-t-on dès-lors que c’étoit un mauvais présage pour sa fortune que cette mort : car Mancini étoit bien fait, il avoit de l’esprit, et une humeur agréable ; mais ce qui étoit de plus important, il avoit grande part aux bonnes grâces du Roi ; et comme il étoit d’un âge se rapportant au sien (il avoit environ dix-huit ans), et qu’il savoit l’art de plaire et de se rendre agréable, il y avoit grande apparence qu’il pourroit devenir favori, et par là assurer la fortune de son oncle.

Les députés du parlement furent laissés à Saint-Denis, avec charge d’y attendre jusques au lendemain à midi les ordres du Roi. Dès l’après-dînée du mercredi, M. le prince fut à Saint-Denis avec environ trois cents cavaliers allemands qui passèrent par la rue Saint-Denis, l’épée nue en une main et le pistolet de l’autre ; et lui à leur tête en même équipage. Il convia les députés de revenir à Paris, et leur dit qu’il leur avoit amené escorte ; mais ils lui dirent qu’ils étoient obligés d’attendre les ordres du Roi, qu’ils dévoient recevoir le lendemain ; de sorte que M. le prince revint à Paris sur le soir avec sa cavalerie. Le jeudi matin, le parlement étant assemblé reçut une lettre de ses députés, qui portoit qu’ils en avoient reçu une du Roi pour le suivre à Pontoise ; et comme l’arrêt du parlement du 13 ordonnoit qu’ils reviendroient dans le mardi 16 (ce qui étoit une tacite révocation de leur députation), et qu’ils n’étoient plus là que comme négociateurs des princes, ils demandoient, tant à eux qu’au parlement, ce qu’ils devoient faire. Ils eurent ordre de revenir ; et l’après-dînée le duc d’Orléans et M. le prince furent avec