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DE CONRART. [1652]

tous les autres qui viendroient pour en faire de semblables. Je remarque ceci, quoique de nulle importance en soi, mais de très-grande pour la conséquence ; car cette hardiesse, de venir demander dans les maisons le prix d’un vol et d’un assassinat dont on s’étoit racheté, montre qu’il falloit bien que ces voleurs et ces assassins se sentissent appuyés de quelque autorité supérieure, parce que sans cela ils auroient eu peur qu’on ne les eût arrêtés.

Il y en eut quatre qui étant allés demander au curé de Saint-Paul l’argent qu’il leur avoit promis, en le leur baillant il prit leurs noms, leurs métiers et leurs demeures par écrit ; ils ne firent point de difficulté de les lui déclarer. Il se trouva que c’étoit des artisans que la nécessité et la mutinerie avoient fait aller à la Grève, et qui avoient cru bien faire de sauver quelqu’un pour avoir une pièce d’argent. On sut qu’il avoit retenu les noms de ces misérables, et on les lui fit demander pour en faire informer, afin qu’il parût que ce n’avoit été qu’une émotion populaire, et que la canaille seule l’avoit causée ; mais il ne les voulut point donner.

Martin, contrôleur, clerc d’office de la maison du Roi, et son frère, avoient été députés de leur quartier (c’est celui de la rue de la Chanverrerie, dans la rue Saint-Denis). Le contrôleur vouloit aller à l’assemblée ; mais son frère y avoit de la répugnance. Ils y allèrent néanmoins ; mais n’ayant point eu de billet comme tous les autres, par l’oubli de celui qui les portoit, ils ne purent entrer dans l’hôtel-de-ville, et s’en retournèrent ; la fortune les ayant ainsi garantis d’un danger où plusieurs autres furent exposés.

Le président Aubry, premier conseiller de ville,