Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
[1652] MÉMOIRES

et de zèle pour le bien public, voyant l’importance de cette assemblée, crut y devoir aller donner son suffrage, quoiqu’il n’eût pas été député. Il se rendit donc à l’hôtel-de-ville, où il courut le même danger que les députés. S’étant retiré dans la salle où plusieurs furent fouillés et dépouillés, comme j’ai dit, par les trente hommes qui trouvèrent moyen d’y monter, il le fut comme les autres. Comme il est sage et modéré, il demeura dans une assiette d’esprit assez tranquille, et ne s’étonna point de toutes les menaces qu’on lui fit de le tuer. Enfin il fit sa composition comme les autres avec quatre de ces satellites qui le remenèrent chez lui, moyennant cinquante écus qu’il leur donneroit. Quelque temps après, comme il s’alloit coucher, il vint un homme crier qu’il étoit l’un de ceux qui l’avoient sauvé, et même qu’il y avoit plus contribué que tous les autres, et que cependant ils ne lui avoient rien voulu donner des cinquante écus. Mesmin dit qu’il les avoit payés, qu’il ne le connoissoit pas, et que s’il avoit quelque chose à prétendre pour cela il allât chercher ses camarades. Le lendemain matin, deux autres allèrent aussi chez lui pour lui faire le même discours ; mais le valet de chambre de Mesmin en ayant reconnu un qui avoit été laquais de La Vrillière, secrétaire d’État, il lui dit : « Et comment, Antoine ! voilà un beau métier que vous faites, et encore chez des voisins de votre maître ! » À peine eut-il prononcé son nom, que, se voyant reconnu, il s’enfuit avec son camarade. Un peu après il en revint encore un autre ; mais le valet de chambre ne le fit point parler à son maître, qui lui avoit ordonné, dès que le premier lui vint faire ce discours, de renvoyer