Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
[1652] MÉMOIRES

secourir tant de gens d’honneur que l’on massacroit, elle alloit et venoit avec inquiétude, comme Monsieur, son père, d’une chambre à une autre ; et elle entra quatre fois sans sujet dans celle de M. de Valois. Tellement qu’il étoit nuit quand elle arriva à l’hôtel-de-ville, et chacun s’en retiroit déjà par composition, l’exécution militaire étant cessée.

Quelques uns ont cru que le dessein des princes n’étoit que d’intimider tous les bourgeois, en en faisant tuer quelques uns, et en faisant peur à tout le reste ; d’autres, qu’ils avoient ordonné de faire main basse sur tout ce qui étoit dans l’hôtel-de-ville, tant pour rendre la terreur plus grande, que pour se défendre de ceux des députés qui ne leur étoient pas favorables. Et ceux qui étoient de cette opinion disoient qu’ils avoient ouï dire à…[1] qu’il étoit fâché de ce qu’il perdroit là quelques uns de ses amis ; mais qu’il falloit que les bons souffrissent pour les mauvais, et qu’il lui en resteroit encore assez d’autres (je ne sais pas ceci d’original). Peu de gens doutèrent qu’ils n’y eussent très-grande part, excepté les factieux et les aveugles volontaires ; et leurs plus ardens partisans jugèrent de là ce qu’ils devoient attendre de la liaison qu’ils avoient prise avec eux, lorsqu’ils ne leur seroient plus nécessaires. Tous généralement avoient la bouche close quand on leur objectoit que si les princes ne s’étoient point mêlés de cette affaire, ils devoient au moins se mettre en devoir d’y remédier quand le mal fut commencé ; et s’ils ne se soucioient pas des autres, qu’ils étoient toujours obligés de faire quelque diligence pour sauver leurs amis qui étoient en danger de leurs

  1. A… : Ce nom est en blanc dans le manuscrit.