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[1652] MÉMOIRES

d’honneur et de probité, fut tué pour le prévôt des marchands, quoiqu’il ne lui ressemblât point. Le matin, il s’étoit confessé et avoit communié à sa paroisse, ayant un pressentiment qu’il pourroit arriver quelque désordre en cette assemblée. Sa femme voulut le dissuader d’y aller ; mais il dit que puisqu’il avoit été nommé, son devoir et son honneur l’obligeoient de s’y trouver. Un autre marchand de fer de la place Maubert, nommé Fressand, fut aussi tué, et laissa sept enfans tous petits.

Le président de Hodie rencontra des gens moins sanguinaires que ces autres-là ; et comme il est fort petit, qu’il a peu de mine, et que ses cheveux sont très-courts, ils le prirent pour un prêtre, et se contentèrent de lui prendre son chapeau et sa calotte, quelque prière qu’il leur fît de ne le laisser pas retourner la tête découverte, à son âge, et à l’heure qu’il étoit (il étoit presque nuit) : mais ils ne lui dirent jamais autre chose, sinon qu’il prît le chapeau de son laquais s’il vouloit.

Bitaut, conseiller aux enquêtes et grand frondeur, ayant trouvé moyen de sortir et d’échapper jusques à la Pierre-au-Lait[1], se trouva si las et si harrassé

  1. La Pierre-au-Lait : On appeloit ainsi la rue des Écrivains, située le long de l’église de Saint-Jacques-la-Boucherie. On lit dans une pièce du treizième siècle, intitulée le Dit des rues de Paris, inserée par M. Méon dans son édition des Fabliaux, tome 2, page 265 :

     
    …..Par la Pierre o Let
    Ving en la rue Jehan-Pain-Molet.

    Jaillot, dans ses Recherches sur Paris, quartier de Saint-Jacques-la-Boucherie, tome 1, page 38, assure que l’on donne encore ce nom de Pierre-au-Lait au carrefour formé par les rues des Écrivains, de la Heaumerie, d’Avignon et de la Vieille-Monnoie. Nous nous en sommes