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DE CONRART. [1652]

et extrêmement agissant, fit aussi tous ses efforts pour calmer cet orage : il exhorta et conjura tout le peuple ; il s’offrit pour entremetteur ; il proposa quelque suspension, et demanda cent fois à parler au duc de Beaufort : ce qui lui fut enfin accordé. Mais étant descendu dans la Grève, comme il fendoit la presse pour l’aller trouver, il rencontra des mutins qui le pressèrent, le harcelèrent d’une si étrange sorte, qu’il fut contraint d’abandonner sa robe, que l’on lui tiroit par les manches, et de se couler le mieux qu’il put jusqu’à la boutique où étoit le duc de Beaufort[1], à qui il fit de grandes plaintes de ce qui se passoit, et lui dit qu’il devoit s’employer à tirer tant d’honnêtes gens qui étoient dans l’hôtel-de-ville du péril où ils se trouvoient. Il lui répondit qu’il étoit bien marri qu’il s’y fût rencontré, et de le voir dans cet état-là ; et qu’il falloit le remener chez lui. Il lui donna quelques uns des siens pour l’y accompagner ; et dès qu’il y fut arrivé, il fut obligé de se faire saigner, et de garder le lit le lendemain. Ce fut ensuite de cela que le duc de Beaufort alla à l’hôtel-de-ville, et qu’il en fit sortir quelques uns de ses amis, entre autres Courtin, maître des requêtes et chef du conseil du prince de Conti (c’est celui qui étant de fort petite taille, mais fort bien fait, on appeloit ordinairement le petit Courtin), et les autres dont j’ai parlé.

Un marchand de la rue Saint-Denis, nommé Yon[2], qui avoit été échevin, et qui étoit extrêmement aimé de tous ceux qui le connoissoient comme un homme

  1. Où étoit le duc de Beaufort : Dans la rue de la Vannerie, ainsi qu’on l’a vu plus haut, page 118.
  2. Nommé Yon : Il est appelé Hion dans les Mémoires d’Omer Talon.