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[1652] MÉMOIRES

Palais, pour délibérer de ce qui étoit à résoudre sur les affaires publiques. (Il envoya faire le même message à plusieurs autres présidens et conseillers ; j’entends présidens des enquêtes, car tous les présidens au mortier s’étoient retirés hors de Paris, et bon nombre de conseillers aussi ; et M. le prince alla en personne chez plusieurs pour les obliger à s’y trouver.) Il ne voulut point parler à ce gentilhomme ; mais sa femme reçut son message, et lui demanda si c’étoit que M. d’Orléans voulût absolument que son mari mourût ; et que n’ayant pas été tué à l’hôtel-de-ville, il falloit qu’il allât au Palais pour se faire assassiner. Le gentilhomme repartit que Son Altesse Royale n’avoit point de part à ce qui s’étoit passé à l’hôtel-de-ville, et qu’il s’étonnoit qu’elle parlât de la sorte. Elle lui répliqua que si M. d’Orléans vouloit que son mari allât au Palais, il lui envoyât M. de Valois[1] en otage ; et le gentilhomme lui ayant dit : « Ah ! madame, vous envoyer M. de Valois ! — Oui, monsieur, lui dit-elle ; car si M. de Valois est fils de M. d’Orléans, M. le président Charton est mon mari. » Il fallut qu’il s’en retournât sans autre réponse. Le samedi donc il ne fut point au Palais, soit qu’il ne pût encore marcher, ou qu’il eût peur.

Cependant en l’assemblée qui se fit le même jour de samedi après midi en l’hôtel-de-ville, où l’on élut Broussel prévôt des marchands[2], le président Char-

  1. M. de Valois : Jean Gaston, duc de Valois, mort à l’âge de deux ans, le 10 août 1652.
  2. Broussel fut extrêmement blâmé d’avoir accepté cette charge, même par ses plus proches, qui ne le pouvoient défendre d’être porté à la faction, et d’être intéressé, quoiqu’il eût toujours affecté de passer pour un Caton qui ne songeoit qu’à la liberté de sa patrie. (Note de Conrart.)