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forcenés pour assommer tous ceux qui se présentoient à eux sans reconnoître. Mais son conducteur étant connu de quelques uns, en passa plusieurs avec peine, et non sans qu’ils reçussent tous deux des coups de crosse de mousquet. Comme ils contestoient à une de ces chaînes, le duc de Beaufort s’y rencontra, qui alloit à l’hôtel-de-ville pour en retirer quelques uns de ses amis particuliers, et entre autres Courtin, maître des requêtes, chef du conseil du prince de Conti. Le duc de Beaufort reconnut Doujat, nonobstant l’état où il étoit, et s’offrit à lui. Doujat le pria de lui donner quelqu’un des siens pour le remener chez lui. Il lui donna un de ses valets de chambre et un gentilhomme du duc d’Orléans, qui trouvèrent encore mille difficultés aux chaînes ; et là le guide qui avoit conduit Doujat s’écarta ou se perdit : enfin ayant trouvé une ruelle extrêmement étroite qui alloit jusqu’auprès du pont Notre-Dame, ils l’enfilèrent, et ne laissèrent pas de rencontrer des ivrognes et des séditieux qui les maltraitèrent. Mais enfin ils en échappèrent : et quand ils furent sur le pont Notre-Dame, ils allèrent avec assez de facilité jusques auprès de Saint-Denis de la Chartre[1], où un marchand drapier, nommé Lempereur, ayant reconnu Doujat, s’approcha de lui, et lui dit qu’il le reconnoissoit bien, nonobstant le déguisement étrange où il le voyoit ; et qu’il le prioit de ne pas passer outre, parce qu’il

  1. Saint-Denis de la Chartre : Cette église étoit située sur la gauche, en entrant dans la Cité par le pont Notre-Dame. Le sol ayant été successivement relevé, on descendoit dans cette église par un assez grand nombre de degrés. Elle a été convertie en une maison particulière, dont elle forme la cave.