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[1652] MÉMOIRES

au-dessus du faubourg Saint-Antoine, vers Charonne ; et ayant mis dix-huit canons en batterie, il se fit diverses escarmouches. M. le prince y étoit en personne, lequel voyant que la partie n’étoit pas égale, envoya plusieurs fois à M. d’Orléans pour le presser de demander passage à la ville pour son armée, et pour le bagage principalement, afin de le sauver. La ville ne le voulut point accorder, sur toutes les instances qu’en fit faire M. d’Orléans par diverses personnes envoyées de sa part, et même par Mademoiselle, qui traita fort mal M. de L’Hôpital et le prévôt des marchands : ce que voyant M. le prince, il vint lui-même à la porte Saint-Antoine. M. de Beaufort y alla aussi plusieurs fois et dans plusieurs rues, criant qu’on les abandonnoit, et qu’on prît les armes pour les secourir, eux qui s’exposoient tous les jours pour les bourgeois de Paris.

On disoit à la cour, et à Paris même, que M. de Turenne n’avoit pas fait ce qu’il avoit pu, et qu’il devoit avoir coupé les troupes des princes plus bas vers Paris, et qu’il devoit avoir envoyé de la cavalerie vers la rivière pour les enclorre, sans leur donner le temps de se reconnoître et d’obtenir le passage au travers de la ville, qui leur auroit été assurément refusé si l’attaque eût été plus vive, par la crainte qu’on eût eu que les gens de M. de Turenne ne fussent entrés pêle-mêle avec eux en les poursuivant, et ne se fussent rendus maîtres de la Bastille, de l’Arsenal, et des places publiques.

On dit aussi que lorsque M. le prince vit que ses gens étoient attaqués si désavantageusement, et que l’on refusoit le passage à l’hôtel-de-ville, il pressa ex-