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DE CONRART. [1652]

de M. le prince, et faire instances pour l’éloignement du cardinal. Au sortir, quantité de bourgeois qui s’étoient amassés devant les portes du Palais, et ceux-là même qui les gardoient, demandèrent aux premiers conseillers qui se présentèrent pour sortir ce qu’ils avoient résolu. Comme ils les voyoient fort émus, ils crurent qu’il valoit mieux leur dire qu’on n’avoit pas achevé d’opiner ; et que l’on se rassembleroit le jeudi suivant. Mais ces bourgeois, irrités de l’incertitude dans laquelle ils vivoient depuis long-temps, les repoussèrent, et leur dirent qu’ils allassent donc achever ; et qu’ils ne les laisseroient point sortir qu’ils n’eussent résolu quelque chose : plusieurs crioient même qu’ils vouloient qu’ils ordonnassent l’union avec les princes, ou qu’autrement ils les mettroient en pièces. Cependant les présidens et ensuite les princes se présentèrent pour sortir ; mais on leur tint le même langage : et quelques-uns, ayant voulu fendre la presse et paroître plus résolus que les autres, furent maltraités, non-seulement de paroles, mais aussi d’effet, et reçurent plusieurs coups.

Le président Le Bailleul, qui étoit malade depuis quelque temps, et qui avoit fait effort pour aller ce jour-là au Palais, sur les pressantes instances de M. le prince, fut fort effrayé ; et se sauvant sur le degré du bureau des trésoriers de France, il y trouva le procureur général aussi effrayé que lui. Le président Le Coigneux se trouvant aussi en grand péril ; et étant poursuivi jusqu’au milieu de la rue de la Vieille-Draperie, on lui tira un coup de mousquet, dont un homme qui le suivoit fut tué. À la fin il entra dans une maison de sa connoissance, où il dépouilla sa