reuse ni si belle que la vôtre ; et quoique vous ayez quarante ans passés, et que vous m’ayez juré plusieurs fois que vous ne savez pas la langue latine, je gage que si vous voulez, vous ferez, avant que de mourir, un livre latin qui donnera de la jalousie à M. de Saumaise et à M. Heinsius, voire même à M. Ménage et à votre très-humble serviteur, si notre jalousie pouvoit compatir avec notre amour[1]. Pour votre latin, mon cher monsieur, lui dit-il ailleurs, je soutiens encore une fois que si vous ne l’avez appris, il vous a été révélé. Si vous n’avez pas la clef des sciences, vous avez un passe-partout à qui il n’y a point de porte qui ne soit ouverte, qui vous donne entrée dans les lieux les plus cachés, qui vous introduit jusque dans le cabinet, jusque dans le sanctuaire de nos déesses[2]. »
Le spirituel chevalier d’Aceilly rend le même témoignage à Conrart dans les vers suivans :
Des Grecs et des Latins peu de chose il apprit,
Mais il peut s’égaler aux plus savantes plumes ;
Par la grâce du Ciel il trouve en son esprit
Ce qu’un autre avec soin cherche en mille volumes[3].
Gilles Boileau, frère aîné de Despréaux, ne fait pas un moindre éloge de Conrart, sous le nom de Daphnis, dans ces vers qu’il place dans la bouche de l’Amour :
… J’eus pour lui tant de tendresse,
Que, sans qu’il sût grec ni latin,