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de Retz ne soit pas content d’être, à son âge, cardinal et archevêque de Paris ? et comme se peut-il mettre dans l’esprit qu’on lui donnera, à force d’armes, la première place dans les conseils du Roi ? Je sais qu’encore aujourd’hui les misérables gazettes de ce temps-là sont pleines de ces ridicules idées. Je conviens qu’elles l’eussent été encore sans comparaison davantage dans mes espérances et dans mes vues, qui en vérité, en étoient très-éloignées, je ne dis pas seulement par la force de la raison, à cause des conjonctures, mais je dis même par mon inclination, qui me portoit avec tant de rapidité et aux plaisirs et à la gloire, que le ministériat qui trouble beaucoup ceux-là, et qui rend toujours l’autre odieuse, étoit encore moins à mon goût qu’à ma portée. Je ne sais si je fais mon apologie en vous parlant ainsi ; je ne crois pas au moins vous faire mon éloge. Surtout je vous dois la vérité, qui ne me servira pas beaucoup dans l’esprit de la postérité pour ma décharge, mais qui au moins n’y sera pas inutile pour faire connoître que la plupart des hommes du commun qui raisonnent sur les actions de ceux qui sont dans les grands postes sont tout au moins des dupes présomptueuses, Je m’aperçois qu’il y a trop de prolixité dans cette digression : vous l’attribuerez peut-être à vanité : je ne le crois pas, et je sens que le plaisir que j’ai à me pouvoir justifier est uniquement l’effet de celui que je trouve à n’être pas désapprouvé de vous.

Il n’est pas possible que lorsque vous faites réflexion sur l’embarras où j’étois dans le temps que je viens de vous décrire vous ne vous ressouveniez de ce que je vous ai déjà dit plus d’une fois, qu’il y en