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pas les occasions naturelles d’amuser quand on a affaire à des amuseurs en titre d’office. Le Mazarin ne manquera jamais de dire la conférence ; mais quel inconvénient ? C’est un menteur fieffé que personne ne croit ; et il la dira, fausse comme véritable. » Voilà les paroles de Monsieur : elles furent prophétiques. M. le cardinal voulut voir Argenteuil, chez madame la palatine, la nuit. Il lui dit, par excès de tendresse pour moi, que si j’avois été assez malhabile pour lui avoir ordonné de le voir publiquement, il y auroit suppléé, pour me servir par un refus public. Il entra bonnement dans tous mes égards et dans tous mes intérêts. Il lui voulut faire croire qu’il étoit résolu de partager le ministériat avec moi.

Véritablement Argenteuil n’étoit pas encore revenu à Paris, que Monsieur étoit averti par Goulas, non pas de ce qui s’étoit passé réellement à l’égard de cette visite, mais de tout ce qui s’y fût passé effectivement si elle eût été recherchée par moi, et faite à l’insu de Son Altesse Royale et contre son service. Cet échantillon vous fait voir les replis de la pièce qui étoit sur le métier, et peut contribuer, ce me semble, à justifier la conduite que j’eus en ce temps-là.

J’écris par votre ordre l’histoire de ma vie : et le plaisir que je me fais de vous obéir avec exactitude a fait que je m’épargne si peu moi-même. Vous avez pu jusqu’ici vous apercevoir que je ne me suis pas appliqué à faire mon apologie. Je m’y trouve forcé en cette rencontre, parce que c’est là où l’artifice de mes ennemis a rencontré le plus de facilité à surprendre la crédulité du vulgaire. Je savois que l’on disoit en ce temps-là : Est-il possible que le cardinal