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la maladie populaire du parti de M. le prince.

M. de Chavigny, qui avoit été dès son enfance, nourri dans le cabinet, ne pensoit qu’à y rentrer par toutes voies. M. de Rohan, qui n’étoit, à proprement parler, bon qu’à danser, ne se croyoit lui-même que bon pour la cour. Goulas ne vouloit que ce que vouloit M. de Chavigny. Voilà des naturels bien susceptibles de propositions et de négociations. M. le prince étoit, par son inclination, par son éducation et par ses maximes, plus éloigné de la guerre civile qu’homme que j’aie jamais connu, sans exception. Et Monsieur, dont le caractère dominant étoit d’avoir toujours peur et défiance, étoit celui de tous ceux que j’aie jamais vus le plus capable de donner dans tous les faux pas, à force de les craindre tous. Il étoit en cela semblable aux lièvres. Voilà des esprits bien portés à recevoir les propositions de négociations ! Le fort de M. le cardinal Mazarin étoit proprement de ravauder de donner à entendre, de faire espérer, de jeter des lueurs, de les retirer ; de donner des vues, de les brouiller : voilà un génie tout propre à se servir des illusions que l’autorité royale a toujours abondamment en main pour engager à des négociations. Il y engagea, à la vérité, tout le monde ; et cet engagement fut ce qui produisit en partie, comme je viens de vous le dire la conduite que je vous ai expliquée ci-dessus, en ce qu’elle amusa par de fausses espérances d’accommodement ; et ce fut encore ce qui acheva, pour ainsi dire de la gâter et de la corrompre, en ce qu’il donna du courage à ceux qui, dans la ville et dans le parlement, avoient de bonnes intentions pour la cour, et qu’il l’ôta à ceux qui étoient