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tous les faits que je viens de poser à l’égard des assemblées qui se firent en ce temps-là, c’est-à-dire depuis le premier de mars jusqu’au 23 avril, parce qu’il n’y en a aucun que je n’aie vérifié moi-même sur les registres du parlement ou sur ceux de l’hôtel de-ville ; je n’ai pas cru qu’il fût de la sincérité de l’histoire que je m’y arrêtasse avec autant d’attention ou plutôt avec autant de réflexion que je l’ai fait, à propos des assemblées des chambres, auxquelles j’avois assisté en personne. Il y a autant de différence entre un récit que l’on fait sur des mémoires, quoique bons, et une narration de faits que l’on a vus soi-même, qu’il y en a entre un portrait auquel on ne travaille que sur des ouï-dire, et une copie que l’on tire sur les originaux : ce que j’ai trouvé dans ces registres ne peut tout au plus être que le corps. Il est au moins constant que l’on ne sauroit reconnoître l’esprit des délibérations, qui se discerne assez souvent beaucoup davantage par un coup d’œil, par un mouvement, par un air qui est même quelquefois presque imperceptible, que par la substance des choses qui paroissent les plus importantes, et qui sont toutefois les seules dont les registres nous doivent tenir compte. Je vous supplie de recevoir cette observation comme une marque de l’exactitude que j’ai et que j’aurai toute ma vie à ne manquer à rien de ce que je dois à l’éclaircissement d’une matière sur laquelle vous m’avez commandé de travailler. Le compte que je vais vous rendre de ce que je remarquois en ce temps-là du mouvement intérieur de toutes les machines est plus de mon fait, et j’espère que je serai assez juste.