Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

affreux : l’ombre des tours de Notre-Dame y pouvoit donner du rafraîchissement, et le chapeau de cardinal la défendoit encore du mauvais vent. J’en concevois les avantages, et je vous avoue qu’il ne tint pas à moi de les prendre : il ne plut pas à la fortune. Je reviens à ma narration.

Le 11 avril, M. le prince arriva à Paris, et Monsieur fut au devant de lui à une lieue de la ville.

Le 12, ils allèrent ensemble au parlement. Monsieur prit la parole d’abord qu’il fut entré, pour dire à la compagnie qu’il amenoit monsieur son cousin pour l’assurer qu’il n’avoit ni n’auroit jamais d’autre intention que celle de servir le Roi et l’État ; qu’il suivroit toujours les sentimens de la compagnie ; et qu’il offroit de poser les armes aussitôt que les arrêts qui ont été rendus par elle contre le cardinal Mazarin auroient été exécutés. M. le prince parla ensuite sur ce même ton ; et il demanda même que la déclaration publique qu’il en faisoit fût mise sur les registres.

M. le président Bailleul lui répondit que la compagnie recevoit toujours à honneur de le voir dans sa place ; mais qu’elle ne lui pouvoit dissimuler la sensible douleur qu’elle avoit de lui voir les mains teintes du sang des gens du Roi qui avoient été tués à Bleneau. Un vent s’éleva à ce mot du côté des bancs des enquêtes, qui faillit à étouffer par ses impétuosités le pauvre président Bailleul. Cinquante ou soixante voix le désavouèrent d’une volée ; et je crois qu’elles eussent été suivies de beaucoup d’autres, si M. le président de Nesmond n’eût interrompu et apaisé la cohue par la relation qu’il fit des remontrances qu’il