Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je ne donnai la main à personne sans exception ; je n’accompagnai les maréchaux de France, les ducs et pairs, le chancelier, les princes étrangers, les princes bâtards, que jusqu’au haut de mon degré ; tout le monde fut très-content.

Le troisième expédient auquel je pensai fut de ne rien oublier de tout ce que la bienséance me pourroit permettre, pour rappeler tous ceux qui s’étoient éloignés de moi dans les différentes partialités. Il ne se pouvoit qu’ils ne fussent en bon nombre, parce que ma fortune avoit été si variable et si agitée, qu’une partie des gens avoit appréhendé d’y être enveloppée en de certains temps, et qu’une partie s’étoit opposée à mes intérêts en quelques autres. Ajoutez à ceux-là ceux qui avoient cru qu’ils pourraient faire leur cour à mes dépens. Je vous ennuierois si j’entrois dans ce détail, et je me contenterai de vous dire que M. de Bercy vint chez moi à minuit ; que je vis M. de Novion chez le père don Caronge, chartreux ; que je vis aux Célestins M. le président Le Coigneux. Tout le monde fut ravi de se raccommoder avec moi, dans un moment où la mître de Paris recevoit un aussi grand éclat de la splendeur du bonnet. Je fus ravi de me raccommoder avec tout le monde, en un instant où mes avances ne se pouvoient attribuer qu’à générosité. Je m’en trouvai très-bien ; et la reconnoissance de quelques-uns de ceux auxquels j’avois épargné le dégoût du premier pas m’a payé plus que suffisamment de l’ingratitude de quelques autres. Je maintiens qu’il est autant de la politique que de l’honnêteté de ceux qui sont les plus puissans de soulager la honte des moins considéra-