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lence et à la fureur. Il déclara à Monsieur que M. le prince étoit en état de demeurer sur le pavé tant qu’il lui plairoit, sans être obligé de demander congé à personne. Il fit par le moyen de Pesch, fameux séditieux, une troupe de cent ou cent vingt gueux, sur le Pont-Neuf, qui faillirent à piller la maison de M. Du Plessis-Guénégaud ; et il effraya si fort Monsieur, qu’il l’obligea à faire une réprimande publique, et au maréchal de L’Hôpital, et au prévôt des marchands, parce qu’ils avoient enregistré dans le greffe de la ville la réponse que Son Altesse Royale leur dit ne leur avoir faite qu’en particulier et en confidence. Comme je voulus insinuer à Monsieur que j’avois eu raison de ne lui pas conseiller ce qui s’étoit fait, il m’interrompit brusquement, en me disant ces paroles : « Il ne faut pas juger par l’événement. J’avois raison hier, vous l’avez aujourd’hui : que faire avec tous ces gens-ci ? » Il devoit ajouter : « Et avec moi ? » Je le lui ajoutai de moi-même. Car comme je vis que, malgré toutes ces expériences, il continuoit dans la même conduite qu’il avoit mille fois condamnée en me parlant à moi-même depuis que M. le prince fut allé en Guienne, je me le tins pour dit, et je me résolus de demeurer tout le plus qu’il me seroit possible dans l’inaction, qui n’est à la vérité jamais bien sûre avec de certaines gens, dans les temps qui sont fort troublés ; mais que je me croyois nécessaire, et par les manières de Monsieur, que je ne pouvois redresser, et par la considération de l’état où je me troûvois dans le moment, que je vous supplie de me permettre que je vous explique un peu plus au long.

La vérité me force de vous dire qu’aussitôt que je