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je résistai long-temps. Je fus obligé de me rendre, et d’obéir. J’eus même plus de temps pour travailler à ce qu’il m’ordonnoit que je n’avois cru : car M. le prince, au devant duquel Monsieur alla même jusqu’à Juvisy le premier d’avril, dans la croyance qu’il arriveroit ce jour-là à Paris, n’y fut que le 11 ; de sorte que j’eus tout le loisir nécessaire pour ménager M. Le Fèvre, prévôt des marchands, qui me devoit sa charge, et qui étoit mon ami particulier. Il n’eut pas beaucoup de peine à persuader M. le maréchal de L’Hôpital, gouverneur de Paris, qui étoit très-bien intentionné pour la cour. Ils firent une assemblée dans l’hôtel-de-ville, dans laquelle ils firent résoudre que M. le gouverneur iroit trouver Son Altesse Royale, pour lui dire qu’il paroissoit à la compagnie qu’il étoit contre l’ordre qu’on reçût M. le prince dans la ville, avant qu’il se fût justifié de la déclaration du Roi qui avoit été vérifiée au parlement contre lui.

Monsieur, qui fut transporté de joie de ce discours, répondit que M. le prince ne venoit que pour conférer avec lui de quelques affaires particulières, et qu’il ne séjourneroit que vingt-quatre heures à Paris. Il me dit, aussitôt que le maréchal fut sorti de sa chambre : « Vous êtes un galant homme, avete fatto polito. Chavigny sera bien attrapé. » Je lui répondis, sans balancer : « Je ne vous ai jamais, monsieur, si mal servi ; souvenez-vous, s’il vous plaît, de ce que je vous dis aujourd’hui. » M. de Chavigny, qui apprit en même temps le mouvement de l’hôtel-de-ville et la réponse de Monsieur, lui en fit des réprimandes et des bravades qui passèrent jusqu’à l’inso-