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artillerie, qui tua beaucoup de gens de l’armée des princes, et entre autres Maré, frère du maréchal de Grancé, domestique de Monsieur, et qui servoit de lieutenant général dans ses troupes. On demeura tout le reste du jour en présence, et sur le soir chacun se retira dans son camp. Il est difficile de juger qui eut plus de gloire en cette journée, ou de M. le prince, ou de M. de Turenne. On peut dire en général qu’ils y firent tous deux ce que les deux plus grands capitaines du monde y pouvoient faire. M. de Turenne y sauva la cour, qui, à la nouvelle de la défaite de M. d’Hocquincourt, fit charger son bagage, sans savoir précisément où il pourroit être reçu ; et M. de Senneterre m’a dit depuis, plusieurs fois, que c’est le seul endroit où il ait vu la Reine abattue et affligée. Il est constant que si M. de Turenne n’eût soutenu l’affaire par sa grande capacité, et que si son armée eût eu le sort de celle de M. d’Hocquincourt, il n’y eût pas eu une ville qui n’eût fermé les portes à la cour. Le même M. de Senneterre ajoutoit que la Reine le lui avoit dit ce jour-là en pleurant.

L’avantage de M. le prince sur le maréchal d’Hocquincourt ne fut pas à beaucoup près d’une si grande utilité dans son parti, parce qu’il ne le poussa pas dans les suites jusqu’où sa présence l’eût vraisemblablement porté s’il fût demeuré à l’armée. Vous verrez ce qui s’y passa en son absence, après que je vous aurai rendu compte, et du premier effet du voyage de M. le prince à Paris, et d’un petit détail qui me regarde en mon particulier.

Vous avez vu ci-dessus que M. le prince avoit envoyé Gourville à Monsieur aussitôt qu’il eut joint