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et elle marcha, avec le concours et l’acclamation du peuple, droit à l’hôtel-de-ville, où les magistrats étoient assemblés pour délibérer si l’on recevroit M. le garde des sceaux. Vous pouvez croire qu’elle décida. Messieurs de Beaufort et de Nemours la vinrent joindre aussitôt, et ils résolurent avec elle de se saisir ou de Lorris ou de Gien, qui sont de petites villes, mais qui ont des ponts toutes deux sur la rivière de Loire. Celui de Gien fut vivement attaqué par M. de Beaufort ; mais il fut encore mieux défendu par M. de Turenne, qui venoit de prendre le commandement de l’armée du Roi, qu’il partageoit toutefois avec M. le maréchal d’Hocquincourt. Celle de Monsieur fut obligée de quitter cette entreprise, après y avoir perdu le baron de Sirot, homme de réputation et qui y servoit de lieutenant général. Il se vantoit (et je crois avec vérité) qu’il avoit fait le coup de pistolet avec le grand Gustave, roi de Suède, et le brave Christian, roi de Danemarck.

M. de Nemours, qui avoit naturellement et aversion et mépris pour M. de Beaufort, quoique son beau-frère, se plaignit de sa conduite à Mademoiselle, comme s’il avoit été cause que le dessein sur Gien n’eut pas réussi. Ils eurent sur cela des paroles dans l’antichambre de Mademoiselle[1]. Un prétendu dé-

    Suivirent Sa Royale Altesse :
    Dont on faisoit un grand cancan.
    Fiesque, cette bonne comtesse,
    Alloit baisant les bateliers,
    Et Frontenac (quelle détresse !)
    Y perdit un de ses souliers.
    (A. E.)

  1. Dans l’antichambre de Mademoiselle : Ce ne fut pas dans l’anti-