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DU CARDINAL DE RETZ. [1652]

ment eut de cette prévarication de M. d’Hocquincourt, et contre laquelle il décréta en forme, fut cause, à mon opinion, que l’on ne refusa pas l’audience à un gentilhomme de M. le prince[1], qui apportoit une lettre et une requête de sa part : car je ne vois pas par quelle autre raison on eût pu recevoir ce paquet, envoyé au parlement après l’enregistrement de la déclaration, puisque ce même parlement avoit refusé de voir une lettre et une remontrance de M. le prince de cette même nature le 2 décembre, qui étoit un temps dans lequel il n’y avoit encore aucune procédure en forme qui eût été faite contre lui dans la compagnie. Je fis remarquer cette circonstance le soir du 11, à M. Talon, qui avoit conclu lui-même à entendre l’envoyé ; et il me répondit ces propres mots : « Nous ne savons plus tous ce que nous faisons : nous sommes hors des grandes règles. » Il ne laissa pas d’insister, dans ses conclusions, à ce que l’on ne touchât point aux deniers du Roi, qu’il maintint devoir être sacrés, quoi qu’il pût arriver. Jugez, je vous prie, comme cela se pouvoit accorder avec l’autre partie des conclusions qu’il avoit données deux ou trois jours auparavant, par lesquelles il armoit les communes, et faisoit marcher les troupes pour s’opposer à celles du Roi ! J’ai admiré mille fois en ma vie le peu de sens de ces malheureux gazetiers qui ont écrit l’histoire de ce temps-là ; je n’en ai pas vu un seul qui ait seulement fait une réflexion légère sur ces contradictions, qui en sont pourtant les plus curieuses et les plus remarquables. Je ne pouvois concevoir dès ce temps-là celles que je remarquois dans la conduite de M. Talon, parce qu’il

  1. Le sieur de La Salle. (A. E.)