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servent qu’à lui faire connoître avec plus d’effet l’injustice des violences que l’on exerce contre sa personne et contre sa dignité. Et s’il est vrai de dire que la division qui a été entre lui et M. le prince suspendit pour quelque temps le crédit qu’il avoit dans Paris, il est certain maintenant que la haine et la persécution du ministre lui redonnent avec abondance cette première grâce du peuple, et l’estime qu’il n’a jamais perdue de ses rares qualités et de son mérite.

Toutes ces dispositions se trouvant dans Paris, on peut dire, monseigneur, qu’il ne faut presque qu’un souffle contraire au vent de votre bonne fortune pour en arrêter le cours. Cependant il semble qu’elle vous importune, et que vous vouliez vous-même travailler à sa destruction. Quel autre effet peuvent produire ces arrêts du conseil, tout pleins des entreprises de la justice séculière sur l’autorité spirituelle ? A quoi bon tant d’efforts pour faire reprendre au chapitre de Paris une juridiction qu’il a abandonnée, qu’il ne tenoit qu’en l’absence de son évêque, et sous son sceau ? Votre Excellence pense-t-elle que, lorsqu’elle sera à bout dans ses desseins contre les défenses du nonce, le Pape souffre cet établissement violent ; qu’il n’emploie pas tous les foudres de l’Église pour venger son autorité méprisée et qu’il ne choisisse pas les têtes criminelles qui seront les premiers auteurs de cette division dans le royaume de Jésus-Christ, si injurieuse au temps de son pontificat ? Et quand cela ne seroit pas, les censures, les interdits et les autres armes spirituelles qui sont en la main de M. le cardinal de Retz, et qui deviennent toutes nécessaires par la résistance que vous y apportez, tomberont-elles sur Paris sans effet, sans y mettre du moins le trouble dans les consciences, et sans y produire peut-être ces révolutions subites et dangereuses, qui ne laissent pas même le temps de s’en garantir par les remèdes et les moyens que l’on avoit prévus ?

Votre Éminence s’imagine possible que la longueur du temps réduira l’esprit de M. le cardinal de Retz au point où vous le souhaitez, et que le défaut de subsistance l’obligera de se rendre aux choses que vous prétendez de lui. Mais y a-t-il apparence, outre les secours de tant d’amis et de gens intéressés dans sa fortune présente et dans le succès d’une meilleure, qu’il ne reçoive pas