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ainsi dire l’épée à la main. Il exagéra fort combien il étoit dangereux de souffrir que les sujets traitassent de la sorte avec leur souverain, et que l’impunité d’un crime de cette importance seroit un exemple fatal à la république. Enfin André Doria sut couvrir avec tant d’adresse ses intérêts particuliers sous le voile du bien général, et soutenir si fortement sa passion par son autorité, qu’encore qu’il y eût beaucoup de personnes qui ne pouvoient approuver que l’on manquât à la foi publique, le sénat déclara néanmoins tous les conjurés criminels de lèse-majesté ; fit raser le superbe palais de Fiesque ; condamna ses frères et les principaux de sa faction à la mort ; punit de cinquante ans de bannissement ceux qui avoient eu la moindre part à cette entreprise ; et ordonna que l’on feroit commandement à Hiérôme de Fiesque de remettre entre les mains de la république la forteresse de Montobio. Le dernier point n’étoit pas si aisé à exécuter que les autres ; et comme la place étoit bonne par sa situation et par ses fortifications, auxquelles on travailloit encore continuellement, on jugea plus à propos d’essayer toutes les voies de la douceur pour la tirer des mains de Fiesque, avant que d’en venir à la force, dont l’événement est toujours douteux. Paul Pansa eut commandement du sénat de s’y rendre au plus tôt, et d’offrir des conditions raisonnables à Hiérôme de la part de la république. Mais elle ne reçut de lui, pour toute réponse, que des reproches de la foi violée envers les siens, et un refus assez fier d’entrer en aucun traité avec les Génois. L’Empereur, qui craignoit que les Français ne se rendissent maîtres de ce château très-important à la sûreté de Gênes, pressa fortement le sénat de l’assiéger, et lui donna pour cet effet toutes les assistances nécessaires. Augustin Spinola, capitaine de réputation, eut cet emploi, investit la place, la battit quarante jours durant, et obligea ceux qui étoient dedans de se rendre à discrétion.

Quelques historiens accusent Verrina, Calcagno et Sacco d’avoir conseillé à Hiérôme une capitulation si peu honorable, à cause des dégoûts qu’ils avoient reçus en France, d’où ils étoient revenus pour se jeter dans la place. Cette prise fit naître dans la république de nouveaux désordres, par la diversité qui se trouva dans les avis des sénateurs touchant la punition des prisonniers. Beau-