Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/517

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quartier de la porte de Saint-Thomas, Assereto et Scipion Borgognino exécutèrent ce qui leur avoit été commandé avec toute sorte de bonheur. Ils tuèrent ceux qui firent quelque résistance à la porte de la Darsenne, et poussèrent les autres si vivement qu’ils ne leur donnèrent pas le loisir de se reconnoître, et s’assurèrent enfin d’un lieu si considérable.

Le comte, après avoir laissé en passant de grands corps de garde dans les places qu’il jugeoit les plus importantes, se rendit dans la Darsenne, dont il trouva l’entrée tout-à-fait libre, et se joignit à Verrina qui avoit déjà investi avec sa galère celles du prince Doria. Il les trouva presque toutes désarmées, et s’en rendit maître avec beaucoup de facilité. Mais craignant que dans cette confusion la chiourme ne relevât la capitane, sur laquelle il entendoit beaucoup de bruit, il courut en diligence pour y donner ordre ; et comme il étoit sur le point d’y entrer, la planche sur laquelle il passoit venant à se renverser, il tomba dans la mer. La pesanteur de ses armes et la vase qui étoit profonde en cet endroit l’empêchèrent de se relever et l’obscurité de la nuit, jointe au bruit qui se faisoit de toutes parts ôta aux siens la connoissance de cet accident en sorte que, sans s’apercevoir de la perte qu’ils avoient faite, ils achevèrent de s’assurer du port et des galères.

Ottobon, qui étoit venu en ce lieu après avoir exécuté son premier dessein, y demeura pour commander ; et Hiérôme qui l’avoit suivi laissa Vincent Calcagno à la porte de Saint-Thomas, et sortit du port avec deux cents hommes pour émouvoir la populace dans les rues, et rallier auprès de lui le plus de gens qu’il pourroit. Verrina fit d’un autre côté la même chose ; et ainsi un grand nombre de peuple s’étant rangé auprès d’eux, personne n’osa plus paroître dans la ville sans se déclarer pour le parti de Fiesque. La plus grande partie de la noblesse demeura renfermée pendant le bruit, chacun craignant le pillage de sa maison : les plus courageux se rendirent au palais avec l’ambassadeur de l’Empereur, qui avoit été sur le point de s’enfuir de la ville, sans les remontrances de Paul Lasagna, homme de grande autorité parmi le peuple. Le cardinal Doria et Adam Centurione s’y trouvèrent aussi, et résolurent avec Nicolas Franco, en ce temps-là chef de, la république, parce qu’il n’y avoit point de duc, d’envoyer Bo-