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notre patience et d’élever leur injuste autorité sur les ruines de cet État. Il n’est plus temps de déplorer nos misères en secret, il faut hasarder toutes choses pour nous en délivrer : puisque le mal est violent, les remèdes le doivent être ; et si la crainte de tomber dans un esclavage honteux a quelque pouvoir sur vos esprits il faut vous résoudre à faire un effort pour briser vos chaînes, et prévenir ceux qui vous en veulent charger : car je ne puis m’imaginer que vous soyez capables d’endurer davantage de l’injustice de l’oncle, ni de l’orgueil du neveu. Je ne pense pas, dis-je, qu’il y ait aucun d’entre vous qui soit d’humeur d’obéir à des maîtres qui se devroient contenter d’être vos égaux. Quand nous serions insensibles pour le salut de la république, nous ne pouvons pas l’être pour le nôtre : chacun de nous n’a que trop de sujet de se venger, et notre vengeance est légitime et glorieuse tout ensemble, puisque notre ressentiment particulier est joint au zèle du bien public, et que nous ne pouvons abandonner nos intérêts sans trahir ceux de notre patrie. Il ne tient plus qu’à vous d’assurer son repos et le vôtre : vous n’avez qu’à vouloir être heureux pour le devenir. J’ai pourvu à tout ce qui pouvoit traverser votre bonheur ; je vous ai facilité le chemin de la gloire, et je suis prêt de vous le montrer, si vous êtes disposés à me suivre. Ces préparatifs que vous voyez doivent vous animer à cette heure plus qu’ils ne vous ont surpris ; et l’étonnement que j’ai remarqué d’abord sur vos visages doit se changer en une glorieuse résolution d’employer ces armes avec vigueur pour travailler a la perte de nos ennemis communs, et à la conservation de notre liberté. J’offenserais votre courage si je m’imaginais qu’il fût capable de balancer entre la vue de ces objets et l’usage qu’il en doit faire. Il est sûr, par le bon ordre que j’ai mis à toutes choses il est utile, par l’avantage que vous en tirerez ; il est juste, à cause de l’oppression que vous souffrez ; et il est glorieux enfin, par la grandeur de l’entreprise. Je pourrois justifier, par les lettres que voici, que l’Empereur a promis à André Doria la souveraineté de Gênes, et qu’il est prêt d’exécuter sa parole. Je pourrois vous faire voir par d’autres, que j’ai entre mes mains, que Jeannetin a voulu