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[1652] MÉMOIRES

N’est-il pas vrai qu’il y avoit apparence, après ces conclusions et après cet arrêt, que le parlement vouloit la guerre ? Nullement. Un conseiller ayant dit que le premier pas pour cette subsistance étoit d’avoir de l’argent, et d’en prendre dans les parties casuelles ce qui étoit du droit annuel, fut rebuté avec indignation et avec clameur ; et la même compagnie, qui venoit d’ordonner la marche des troupes de Monsieur pour s’opposer à celles du Roi, traita la proposition de prendre ces deniers avec la même religion et le même scrupule qu’elle eût pu avoir dans la plus grande tranquillité du royaume. Je dis, à la levée du parlement, à Monsieur, qu’il voyoit que je ne lui avois pas menti quand je lui avois tant répété qu’on ne faisoit jamais bien la guerre civile avec les conclusions des gens du Roi. Il dut s’en apercevoir, quoique d’une autre manière, le lendemain : car le parlement s’étant assemblé et le marquis de Sablonnières, mestre de camp du régiment de Valois, étant entré, et ayant dit à Monsieur que Du Coudray-Geniers, qui étoit l’un des commissaires pour armer les communes, avoit été tué, et que Bitaut, qui étoit l’autre, étoit prisonnier des ennemis, la commotion fut si générale dans tous les esprits, qu’elle n’eût pu être plus grande, quand il se seroit agi de l’assassinat du monde le plus noir et le plus horrible, médité et exécuté en pleine paix. Je me souviens que Bachaumont, qui étoit ce jour-là derrière moi, me dit à l’oreille, en se moquant de ses confrères : « Je vas acquérir une merveilleuse réputation, car j’opinerai à écarteler M. d’Hocquincourt, qui a été assez insolent pour charger des gens qui arment les communes contre lui. » La colère que le parle-