Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/469

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’être un de ses plus propres et un de ses plus glorieux instrumens. Et de cette opposition, qui se rencontre entre la grandeur et la piété qui fait trembler quand on la lit dans l’Écriture, et qui l’a même obligée de dire que Dieu est terrible dessus les rois, il s’ensuit nécessairement que l’accord de ces contraires est la production la plus forte du christianisme, et que par conséquent le dernier point de la sainteté est d’être grand et d’être saint.

Et selon ces principes, ô grand et admirable monarque qui avez brillé sur la terre moins par l’éclat de votre couronne que par la splendeur de vos belles actions, de quels éloges, de quelles louanges peut-on former votre panégyrique ? qu’est-ce qui peut répondre à vos vertus ? Je m’éblouis à la vue de tant de lumières ; je me perds dans ce rare mélange de la fortune et de la vertu. Et si je me laissois emporter à la juste crainte qui saisit mon esprit, de ne pouvoir parler assez dignement de ces merveilles, au lieu d’élever des trophées à la mémoire glorieuse du grand saint Louis, je me contenterois présentement de dresser en ce lieu un tribunal sacré, où j’appellerais de la part de Dieu tous ceux qui vivent aujourd’hui dans ce royaume, pour reconnoître le crime qu’ils commettent de ne se pas soumettre à Dieu dans leur bassesse, après l’exemple d’un grand monarque qui lui a soumis si généreusement sa grandeur. Peuples qui m’entendez, tremblez à cet exemple ; et vous, sire, apprenez aujourd’hui de vos ancêtres comment il faut vivre en roi.

L’on ne peut commencer la vie de saint Louis par rien de plus élevé que sa naissance ; et cette longue suite de rois dont il a tiré son origine ouvriroit avec pompe ce discours, si je n’étois persuadé que les avantages les plus illustres, et de la nature et de la fortune, ne méritent jamais d’être relevés dans une chaire chrétienne. Ils sont trop au dessous de la dignité d’un lieu sanctifié par la parole de l’Évangile, pour n’être pas ensevelis dans le silence. Mais ce silence, sire, est peut-être ce qui sera le plus instructif dans ce discours : il apprendra à Votre Majesté que cette haute naissance qui, par un privilége dû aux seules maisons dont vous sortez, vous sépare du commun des rois n’est rien devant Dieu, puisque je n’ose seulement la faire entrer en part des éloges