Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/459

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour Paris s’étoit déclarée.
    Le mardi[1] tous nos députés
Sous des passe-ports apportés,
Pour la troisième fois marchèrent,
Et, comme il étoit dit, allèrent
Pour Leurs majestés supplier
Que du mois d’octobre dernier
La déclaration reçue,
Après tant d’allée et venue,
Pour le commun soulagement,
Ne souffrît aucun détriment.
    Le mercredi[2], lettre civile
Vint de monsieur de Longueville,
Qu’il adressait au parlement,
Et qui n’étoit qu’un compliment :
À qui fit aussitôt réponse
La cour, qui pèse tout à l’once.
Or ce jour, le duc de Bouillon
Ayant pris congé du bouillon[3],
Des médecines, des clystères,
Et des drogues d’apothicaires,
N’étant debout que de ce jour,
Releva La Mothe-Houdancourt
À Villejuif, où notre armée
S’étoit déjà bien enrhumée.
    C’est ce même jour qu’on a su
Qu’au Mans avoit été reçu
Notre marquis de La Boulaye,
Qui bien qu’il criât : Hola haie !
Alte ! marquis de Lavardin,
L’autre ne fut pas si badin
Que de tourner jamais visage :
Ains courut toujours davantage
Qu’à la parfin notre marquis
Ayant force chapons conquis,
Les faisoit cuire en cette ville,
Et que ses gens étoient cinq mille.
Un autre avis bien plus certain
Fut que le maréchal Praslin,
Qui d’une démarche guerrière
Etoit allé sur la frontière
Tâter le pouls à Léopol,
Avoit pris ses jambes an col,
Sans avoir dit ni quoi ni qu’est-ce ?
(Ce qui n’est pas grande prouesse).
Et qu’étant ici de retour,
Dans leurs garnisons d’alentour
Ses troupes étoient retournées,
Troupes très-mal morigénées,
Et qui, contre l’accord passé
D’acte d’hostilité cessé,
Pillèrent toute la chevance
Des deux bourgs à leur bienséance,
Qu’ils trouvèrent sur leur chemin :
Chemin que, tenant sans dessein,
Quelque boulangère badine,
Blanche pour le moins de farine,
Qui venoit de vendre son pain,
Se sentit légère d’un graln,
Sans argent et sans pucelage,
Hormis une qui fut si sage
Que de le laisser à Paris,
Qui n’eut que son argent de pris.
    Le jeudi[4], les chefs de nos bandes
Ayant fait chacun des légendes
De tous leurs petits intérêts,
Commirent à Ruel exprès,
Pour porter leurs humbles prières,
Le duc de Brissac et Barrières,
Le sieur de Bas et de Creci.
    Le vendredi dix-neuf, ici
Nous sûmes que dans la Gascogne
La Reine avoit de la besogne :
Que le parlement de Bordeaux,
Tout prêt à jouer des couteaux,
Avoit fait armer à notre aide.
L’action n’en étoit pas laide :
Car le Normand et le Gascon,

  1. 16 mars.
  2. 17 mars.
  3. Le duc de Bouillon fut toujours malade pendant notre guerre.
  4. 18 mars.